MEDECINE TIBETAINE
la maladie est liée à l’état mental, émotionnel, spirituel et social de l’individu
La médecine traditionnelle tibétaine (MTT) est un système ancestral de guérison qui considère la santé comme une interaction dynamique entre le corps, l’esprit et l’environnement naturel. Profondément enracinée dans la philosophie bouddhiste, elle vise à harmoniser ces éléments pour prévenir et traiter les maladies.
Les quatres tantras de la médecine tibétaine – Gyushi
Les Quatre Tantras composés au XIIe siècle constituent la plus ancienne encyclopédie de médecine tibétaine. C’est sur eux que s’appuie, encore aujourd’hui, la médecine traditionnelle. Ils servent de base aux études médicales et leur assimilation ne nécessite pas moins de 7 ans d’apprentissage.
Ils rassemblent la théorie générale de la science médicale, l’exposé des maladies et les méthodes de soins. Soit pres de 84 000 maladies et méthodes de soins avec 2293 ingrédients de médicaments.
Historiquement, la plupart des médecins tibétains ou amshi étaient des moines. Ils étaient formés dans les monastères, ceux-ci abritant à la fois l’école pour l’enseignement de la discipline et le dispensaire pour les soins aux malades.
Le Tantra fondamental
Il comporte 6 chapitres dont l’introduction et la table des matières, la présentation des causes des maladies, leur examen exact et les moyens curatifs.
Le Tantra explicatif
Il est scindé en 31 chapitres relatifs notamment à la croissance de l’organisme, au développement et au déclin de la maladie. Mais également aux préparations médicinales et à la chirurgie.
Le Tantra des instructions
Il es divisé en 92 chapitres qui étudient et classifient les causes et conditions d’apparition des maladies. Ils présentent les méthodes de soins etc.
Le Tantra final
Il comporte 25 chapitres dont la section relative à l’examen des pouls et urines. Celle relative aux calmants. Celle concernant les thérapies douces et fortes etc.
Mais pour ne parler que des préparations médicinales, on compte plus de 2.800 médicaments.
Fondements philosophiques

La MTT repose sur la théorie des cinq éléments : terre, eau, feu, vent et espace. Ces éléments constituent la base de tous les phénomènes naturels, y compris le corps humain et ses fonctions. Leur équilibre est essentiel au maintien de la santé.
Selon cette tradition, la maladie résulte d’un déséquilibre des trois humeurs ou énergies fondamentales :
rLüng (Vent) : associé au mouvement et à l’activité mentale.
mKhris-pa (Bile) : lié à la chaleur, au métabolisme et aux émotions telles que la colère.
Bad-kan (Phlegme) : relié au froid, à la stabilité et aux sentiments de calme.
L’harmonie entre ces humeurs est cruciale pour une bonne santé.
La médecine tibétaine est un système médical traditionnel qui repose sur une méthode complexe de diagnostic. Elle incorpore des techniques telles que l’examen du pouls et de l’urine. Le médecin tibétain donne des conseils de modification de comportement et d’alimentation. Des médicaments confectionnés à partir de plantes médicinales et de minéraux. Des thérapies physiques comme l’acupuncture tibétaine ou la moxibustion sont utilisées pour traiter le malade.
Selon la médecine tibétaine, le corps est composé des éléments suivant :
- Sept constituants : lait, sang, chair, graisse, os, moelle et essence.
- Trois excréta : selles, urines et transpiration
- Trois humeurs ou principes énergétiques vent, bile et phlegme.
Les trois humeurs sont présentes en chacun de nous, mais une ou deux d’entre elles prédominent généralement et définissent la constitution générale de la personne.
Presentation des trois humeurs
L’énergie du vent – rLung
C’est le principe vital de notre corps et possède un lien direct entre l’esprit et l’état physiologique.
Tous les mouvements de notre corps et ses organes, la respiration, la mastication, la digestion des aliments, les sentiments et émotions comme la nervosité, la peur, l’anxiété et la souffrance sont tous contrôlés par l’énergie du vent.
Il est aussi responsable de la dispersion des substances du corps au travers de la circulation du sang, la rétention et l’expulsion des fèces et de l’urine.
Lorsque le médecin diagnostique un trouble de l’énergie du vent, il l’attribue généralement à un trouble du système nerveux, au cœur, au grand intestin, à une faible circulation, ou à un trouble de nature physiologique, etc.
L’énergie de la bile – Mkhris-pa
C’est l’énergie de la chaleur du corps et se rapporte à l’élément du feu.
Elle augmente la chaleur de la digestion, l’absorption de la nourriture, la température du corps et est responsable de l’intelligence et de la compréhension, provoquant la soif et la faim ainsi que la clarté du teint.
Quand le médecin diagnostique un trouble de l’énergie de la bile, il l’attribue généralement à un trouble du foie ou de la vésicule biliaire, d’une infection ou une inflammation dans le corps ou à des problèmes de peaux.
L’énergie du flegme – bad-kan
Elle constitue le principe biologique de l’eau formé en prédominance par la terre et les éléments de l’eau.
Elle cause le développement de toutes les « humeurs » du corps, la salive, les sucs gastriques et autres sucs.
Elle prépare les aliments à l’assimilation, cause la digestion augmente la santé physique et rend le corps lisse.
Elle stabilise l’esprit et aide à bien dormir.
Quand le médecin diagnostique un trouble de l’énergie du flegme, il l’attribue la plupart du temps à un trouble du système digestif, de l’intestin, du colon ou des poumons. Mais aussi à des prises de poids, un manque de circulation de l’eau, une baisse de l’énergie du rein, un œdème, etc.
Les causes immediates des 3 humeurs
Afin de maintenir un corps et un esprit sains, il est important de se concentrer sur les facteurs qui perturbent l’état de l’équilibre général.
Un régime malsain
Il constitue l’une des principales causes des troubles. Pour cette raison, être prudent et savoir choisir les aliments appropriés en fonction des prédispositions de chacun est très important pour rester en bonne santé.
Des excès en aliments âpres (orge), légers (porc), ou amers (citron) provoqueront un trouble du rLung. Des problèmes du Mkhris-pa peuvent être générés par la prise d’aliments gras (beurre de cacahuètes), piquants (poivre noir) ou encore chauds (boissons alcoolisées). Le bad-kan peut être perturbé par la prise excessive d’aliments sucrés (chocolat), lourds (blé), légers (riz) ou huileux (beurre).
Un comportement inapproprié
Les comportements tels la faim, l’insomnie, le chagrin, la perte abondante de sang, le fait d’être atteint d’une diarrhée ou de vomir, mais encore les activités physiques et mentales à l’excès provoquent des troubles du rLung.
Ceux du mkhris-pa quant à eux, peuvent être dus à de fortes émotions. Telles la colère, des expositions prolongées au soleil, une opération chirurgicale comme un lifting complet ou le fait de creuser un terrain accidenté ou de tomber d’une falaise.
Des actions, comme rester dans des endroits humides trop longtemps, se reposer, dormir la journée, prendre des fruits verts ou du blé pas mûr, nager dans une eau froide trop longtemps, prendre de la nourriture crûe en excès et s’alimenter en trop grande quantité seront les causes d’un trouble du Bad-kan.
Une variation saisonnière
Afin de se maintenir en bonne santé, il est nécessaire de comprendre les changements du corps au fil des différentes saisons.
Le comportement saisonnier varie en accord avec les six saisons de l’année. Ces saisons sont réparties selon le calendrier tibétain. Au cours d’un changement de saison, un changement se produit dans la transformation de l’énergie du corps.
En outre, il est important de se vêtir et de se nourrir en fonction de ces saisons.
Des influences nuisibles
Les esprits malveillants ne peuvent être vus, mais ils peuvent néanmoins soudainement affecter les « humeurs ».
Ces influences se font particulièrement ressentir, lorsqu’un patient ne réagit à aucun traitement, et ce, en dépit de l’exactitude du diagnostic et de l’efficacité du traitement. Les troubles doivent alors être traités par le biais de médicaments et rituels spéciaux.
Les méthodes de diagnostic
Les signes visibles et les symptômes constituent le moyen le plus efficace de diagnostiquer un trouble. De plus, les Docteurs tibétains utilisent les techniques de diagnostics. La méthode qui permet de diagnostiquer les troubles dans la Médecine tibétaine est constituée de trois principales techniques.
Observation
Elle inclue la vérification de l’état de la langue et des urines du patient.
L’analyse des urines est l’une des plus importantes techniques de diagnostic.
Les Docteurs tibétains observent la couleur de la langue, ses aspérités, sa texture, afin de déceler des troubles.
Palpation
Elle se réfère aux sensations que le Docteur ressentira avec ses mains à divers endroits du corps et points vitaux du patient.
Histoire
Elle comprend un large éventail de questions concernant la manifestation des signes et des symptômes caractérisés par la nature des troubles spécifiques.
Troubles censés correspondre avec les causes et l’environnement de la maladie et qui aident le médecin à prononcer le diagnostic.
Pratiques thérapeutiques
La MTT propose une approche holistique, combinant diverses méthodes pour rétablir l’équilibre :
Conseils diététiques : alimentation adaptée à la constitution individuelle et aux déséquilibres spécifiques.
Modifications comportementales : intégration d’exercices physiques, de méditation et de pratiques spirituelles pour soutenir le bien-être mental et émotionnel.
Pharmacopée : utilisation de remèdes à base de plantes médicinales et de minéraux, avec une pharmacopée riche de plus de 2 000 substances.
Thérapies externes : techniques telles que l’acupuncture tibétaine, la moxibustion (application de chaleur sur des points spécifiques) et le massage pour stimuler les points énergétiques et favoriser la guérison.
Diagnostic et formation
Le diagnostic en MTT est précis et détaillé, incluant l’examen du pouls, de l’urine, de la langue et des yeux, ainsi que l’évaluation des antécédents personnels et environnementaux du patient. Les praticiens, appelés amchi, suivent une formation rigoureuse d’environ sept ans, basée sur des textes classiques tels que les Quatre Tantras Médicaux (Gyushi), une encyclopédie médicale du XIIᵉ siècle qui demeure la référence principale de la médecine tibétaine.
Diffusion et reconnaissance
Historiquement pratiquée dans les régions de l’Himalaya, la MTT s’est étendue à travers le monde, notamment grâce aux efforts du dalaï-lama et d’institutions comme l’Institut de Médecine et d’Astrologie Tibétaines (Men-Tsee-Khang) à Dharamsala, en Inde. Cette expansion a conduit à des collaborations avec des universités occidentales et à des études cliniques visant à évaluer l’efficacité des traitements tibétains.
En conclusion, la médecine traditionnelle tibétaine offre une approche globale de la santé, intégrant des aspects physiques, mentaux et spirituels. Son objectif est de rétablir l’équilibre interne et l’harmonie avec l’environnement, en s’appuyant sur des pratiques éprouvées depuis des millénaires.

Références
Fondation pour la Préservation de la Tradition Mahayana (FPMT)
Centre Kalachakra – Centre de bouddhisme tibétain
5, passage Delessert – 75010 Paris
Tél/Fax : 01 40 05 02 22
Espace dédié à la préservation et à la diffusion de la Médecine Traditionnelle Tibétaine
La médecine traditionnelle tibétaine
Le livre de la médecine tibétaine
Ralph Quilan-Forde
Le courrier du Livre – Bouddhisme. Comment utiliser les soins tibétains pour sa propre sant
Médecine traditionnelle tibétaine
Massage Ku Nye et thérapies externes – Sorig Khang Internationa
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